mardi 19 février 2019

Lecture : Saison 1 des Saisons de l'étrange

Vous connaissez Ulule ? Cette plateforme qui permet de financer des projets qui vous tentent.Je vous en avais parlé à l'occasion de commentaires sur un titre de cette maison d'édition : 115° vers l'Épouvante. Et bien j'ai reçu toute la saison depuis et je viens de terminer le dernier livre. Petit retour sur cette première saison plus que prometteuse !



Les Compagnons de Rolland. 
On est en 1932. Gabriel Dacié est un célèbre aviateur et aventurier, inventaire en aéronautique qui n'hésite pas à mettre son talent et son argent au service de la police. Il est installé dans la Tour Eiffel où il vit et travaille. Nous sommes à une époque formidable où les ballons dirigeables cohabitent avec les découvertes magiques. Joyeuse, l'épée de Charlemagne vient d'être dérobée, et Gabriel, aidé de ses compagnons que sont son compagnon Jean De Grange, lui-même aviateur, sa sœur Violette De Grange, scientifique qui étudie l'énergie mentalique aux côtés de Camille Désormeau, mentaliste. Tous vont prendre part à cette enquête qui mêle deux affaires, le vol de l'épée, et la mystérieuse disparition d'un autre scientifique qui étudiait les mondes parallèles grâce à un étrange objet pyramidale. 
J'ai bien aimé. C'est un très bon divertissement qui mêle aventure steampunk et magie. On s'attache rapidement aux personnages, même si on attend un peu plus de profondeur à leur égard. Mais il s'agit d'une série, et les personnages reviendront dans une autre aventure. Ce sera l'occasion de les connaître mieux et de découvrir des caractères, je l'espère, plus complexe. 
L'histoire se lit bien cependant et on passe un bon moment.

Mémoire d'un détective à vapeur.
On est en l'an 3000. Londres est une métropole anglo-russe, la France, des rebelles communistes, et l'on côtoie des robots androïdes autant que des bouddhas, expliquant pourquoi on se situe pas dans les années 70 comme c'est le cas en France, Londres et tout l'empire Russe ayant adopté le calendrier bouddhiste. On suit les enquêtes d'un détective privé nommé Jan Marcus Bodichiev, raconté au travers d'un journal tenu par son associé Viat Koulikov et retrouvé par son fils Olaf. Ce détective est spécialisé en sécurité informatique mais il est surtout friand des affaires impossibles, celles que la police n'arrive pas à élucider et lui confie à contrecœur. Nous voilà embarqués aux côtés de cet étrange détective holmesien au cours de nouvelles parfois longues, parfois courtes, selon les papiers retrouvés par Olaf dans les affaires de son père. Problèmes de régulation climatique, rébellion de robot domestique ou encore histoire de cœur sur fond politique, on fait face à toutes sortes d'enquêtes. Mais l'importance n'est pas vraiment dans leur résolution, souvent concise, mais dans l'attachement que l'on éprouve progressivement au personnage et à son monde uchronique.
Ces courtes histoires sont peut-être pleines de défaut, mais c'est l'un de mes coups de cœur de cette saison et je ne me l'explique pas. J'attends juste avec une grande impatience le prochain tome de la saison 2 ! 

Le Nombril du monde.
À notre époque, dans la banlieue parisienne de Clamart. Dans le bois de Meudon se trouve un menhir que l'on appelle la Pierre aux Moines. L'Œil, un musicien de rock, est témoin d'un étrange phénomène qui touche un autre musicien d'un autre groupe lors d'un festival. Il décide de mener l'enquête, et contacte bientôt une amie à lui, une membre de l'Agence Arkham, spécialiste des phénomènes étranges et inexpliqués. Des profanations de tombes et d'étranges processions de druides sont l'objet de cette enquête qui donnera du fil à retordre à nos deux héros. 
Les personnages, les lieux, tout contribuent à nous scotcher à cette histoire qu'on ne lâche plus. On veut savoir ce qui arrive à ce musicien attachant et à son amie qui brave les recommandations de son supérieur. On veut savoir ce qui se cache derrière cette magie noire et si la fin du monde est bien arrivée. On tourne les pages fébrilement de ce court roman de 120 pages qui nous narre les aventures de potes que l'on pourrait avoir ou même d'aventures qui pourraient nous arriver à nous. 
Mon 2e coup de cœur de cette saison. Et j'espère de tout cœur qu'un tome 2 arrivera.

Ann Radcliffe contre les vampires.
Ann Radcliffe est la célèbre auteure des Mystères d'Udolphe, roman gothique du XIXe siècle. Une vieille dame et petite-cousine de la romancière narre à Paul Féval l'aventure incroyable qu'Ann a vécu et qui l'a inspiré pour sa prose. Et Paul Féval nous rapporte alors cette fantastique histoire dans laquelle Ann a combattu, entourée de compagnons assez hétéroclites, le vampire Mr Gotzi jusque dans la Ville Vampire (titre originel de ce roman). La course-poursuite pour sauver ses amis de l'emprise de la goule tient le lecteur en haleine et même si, finalement, le personnage d'Ann Radcliffe n'est pas plus développée que cela, on tient quand même à connaître la fin. 
On sent l'aventure facile à la Buffy, on sent la pique de Féval contre le plagiat des auteurs anglais, on sent le dédouannement de l'auteur lorsque les retournements de l'histoire s'avèrent trop faciles puisqu'il s'agit là d'une histoire qu'on lui a rapportée… Et alors ? C'est aussi facile et agréable à lire qu'un épisode de série actuelle est facile et agréable à visionner. C'est aussi le but de cette saison de l'étrange qui atteint son objectif puisqu'on sourit, on frémit et on se cultive d'un roman qui en aura initié d'autres bien plus célèbres (Tanith Lee et Poppy Z. Brite). Un bon divertissement !

Les Fantômes du Nouveau Siècle.
Marie-Antoinette est une jeune fille des Halles, qui crèche dans un bouge du Poil-au-Con à Paris. Elle souhaite se sortir de cette galère en rencontrant le responsable de l'Exposition Universelle M. Picard et en le convainquant (l'embobinant) de l'ajouter au défilé de modes de l'expo.
Sa soupes aux arlequins est l'outil pour sa combine, et Léon son complice. Mais la soupe se révèle empoisonnée et le complice retrouvé mort. Marie-Antoinette décide alors d'intégrer la maison de M. Picard pour mener l'enquête de l'intérieur et devient alors la femme de chambre d'un étrange japonais.
Le verbe argotique de l'héroïne, les descriptions de Paris sous l'œil parfois naïf de cette orpheline et ses arnaques et combines alambiquées mais si drôles nous font passer un excellent moment. C'est superbement écrit et amené. On ne veut pas lâcher le livre ni la jeune Marie qui doit se dépêtrer tant bien que mal d'une extraordinaire mouise. Tous les personnages sont attachants, jouent parfaitement leur rôle et l'entremêlement d'inventions et d'ésotérisme est savamment mené, distillé, juste. On y croit, on est avec Marie, avec Méliès, avec Picard et même avec cet étrange japonais exorciste. 
Encore un coup de cœur, mon 3e, et peut-être le plus fort de cette saison. Hâte de me retrouver à nouveau aux côtés de cette môme du Paris de 1900 !

Une saison assez riche en aventures, un excellent divertissement, et un bon moyen de découvrir ou redécouvrir des auteurs. Hâte de recevoir la prochaine saison !