vendredi 28 août 2015

Lecture : Dilemma T1


Dans le cadre du dernier Masse Critique spécial BD, j'ai eu la chance d'être sélectionnée et de recevoir ce manga.
Un jeune adolescent est nouvel élève dans un collège. Plutôt discret et très soucieux de se fondre dans le paysage, il angoisse à l'idée de devoir affronter le regard de ses nouveaux camarades. Mais alors qu'il est juste à la porte de sa classe, il se met à souhaiter qu'ils soient tous morts. Lorsqu'il franchit finalement la porte, il constate avec horreur que son souhait a été exaucé.

L'histoire est pas mal. Ce qui la dessert est peut-être moi finalement : j'ai lu ou vu bien trop de manga et même si cette histoire est originale, elle a ce je-ne-sais-quoi qui lui donne un goût de déjà-vu. L'adolescent asocial, reclus, qui souhaite la mort de ses camarades, gentils ou non avec lui, et qui se croit dans un cauchemar au moment où son vœu est exaucé, le tout agrémenté d'un peu de violence et de cruauté pour bien donner à l'histoire sa dimension japonaise bien loin de la pudibonderie d'un film d'adolescent américain… quoique ces derniers peuvent aussi se montrer parfois violents sans raison.
Bien sûr, il a des épreuves à passer, pour sauver une des vies tuées… mais le jeu est biaisé car parmi les morts, se trouve son propre cadavre. La subtilité machiavélique digne de n'importe quel manga, pour peu qu'on en ait vu ou lu deux ou trois. Puis, vient le second personnage principal, celui sauvé par le premier, et qui se révèle encore plus machiavélique que le petit démon qui a mis le héros face à cette épreuve sanglante.
C'est presque ennuyeux mais, on se prend tout de même au jeu et les pages défilent à une vitesse fulgurante. Bien entendu, ce premier tome se termine sur une ouverture, selon les règles du genre.

Mais même si ma critique n'est finalement pas très positive, je ne peux pas dire n'avoir pas passé un bon moment de suspens, à chercher à savoir si ce énième manga bouleversera ou non le genre, si la suite suivra le schéma auquel je pense. Et comme ce premier tome en appelle un deuxième, mon attente de lecteur est un peu frustrée et je ne pense qu'à une chose : connaître la suite. Sont forts ces mangakas quand même ! Mais c'est le jeu !

mercredi 5 août 2015

Lecture : Qui a peur de la mort ?


Dans le cadre de la dernière session de CaroLire, je me suis lancée dans la lecture de ce roman qui titillait ma curiosité depuis quelque temps déjà.
Feues les éditions Eclipse, rachetées par les éditions Panini, proposent très souvent des romans atypiques, tels que La Triste Histoire des Frères Grossbart, par exemple.
Je craignais un peu que ce roman ne soit trop violent pour moi. Il l'est mais j'aurai bien regretté de ne pas le lire.

Onyesonwu raconte son histoire. Le premier chapitre s'ouvre sur la mort de son père, qui est en fait son père adoptif. En découle l'histoire de ses origines. Nous ne savons pas bien quand se situe cette histoire, mais il est certain que ce n'est pas à une époque contemporaine, bien que nous ne soyons pas complètement perdus pour autant. C'est assez étrange d'ailleurs. Onyesonwu est une ewu, une enfant de mère Okeke et de père Nuru. Elle est le fruit d'un viol. Sa mère a survécu à l'agression et à choisi de garder son enfant, en priant Ani, la grande Déesse que cet enfant soit une fille et qu'elle devienne sorcière, pour combattre. Ce qui sera le cas. Car, en plus d'être ewu et donc rejetée par les autres pour cette distinction, elle sera l'une des plus grandes sorcières jamais connues, emplies de colère et de violence qu'elle apprendra à contenir pour mieux se battre contre les préjugés, les traditions et la guerre ancestrale qui oppose Okeke et Nuru, ces derniers considérant les premiers comme des esclaves, traîtres de la grande déesse qui les punit en créant les Nurus, leurs éternels ennemis selon le Grand Livre. Onyesonwu signifie "Qui a peur de la mort ?".

C'est un peu compliqué de proposer un aperçu de cette histoire. Et ce roman est riche de bien des façons. Tout d'abord on ne se sent pas dans un récit SF, on se croit au beau milieu de l'Afrique, à une époque difficile à déterminer mais qui oppose Noirs et Blancs, comme cela a toujours été. Il y a une dimension fantastique dans le récit qui est présente tout au long de l'histoire et qui fait davantage penser à des croyances et traditions africaines que l'auteur aurait mis en scène. Comme un conte racontant l'origine des choses. Cette dimension habite l'ensemble du roman, de la première à la dernière ligne. L'héroïne est tiraillée entre deux ethnies, rejetée par les deux, acceptée par aucune. Elle n'est pas plus admise au sein des sorciers, et il lui faudra passer une épreuve douloureuse pour obtenir des amies par la force des traditions. Perpétuellement en colère, contre son père biologique pour ce qu'il a fait à sa mère, contre les Okékés qui ne se rebellent pas assez et acceptent les monstruosités imposées par les Nurus, contre les Nurus pour ce qu'ils font aux Okékés, contre Ani pour n'avoir jamais été bonne avec elle ni avec sa mère, contre Aro le sorcier pour refuser de l'accepter comme apprentie, contre la terre entière. Mais elle croisera la route de nombreuses bonnes âmes qui l'aideront dans sa quête et enrichiront sa vision des choses, la nuançant et la modifiant comme cela survient lorsqu'on grandit et vieillit.

J'ai pris grand plaisir à lire ce roman. Il est extrêmement dépaysant et nous fait découvrir une culture souvent inconnue ou mal connue. L'auteur est originaire du Nigeria et a puisé dans cette culture pour écrire cette histoire atypique teintée d'un fantastique original et novateur. En tout cas pour moi car je n'avais jamais lu d'histoires pareilles auparavant. Et même si l'histoire semble se dérouler à une autre époque que la nôtre, elle est très proche de nous et de notre actualité, récente ou passée (ou même future). En cela, elle est déroutante. Dure et cruelle, elle met en scène beaucoup de violence mais aucunement gratuite ni injustifiée, ni même disproportionnée. On s'attache très rapidement à Onye emplie de colère, on la comprend et éprouvons beaucoup d'empathie pour elle. Et même si son destin est tout tracé, on espère jusqu'à la dernière phrase une autre fin, qui pourtant ne peut être différente.
La fin, justement, m'a un peu déçue car je ne pense pas avoir bien saisie ce qui survient, ni les sous-entendus qu'elle insinue. Peut-être mériterait-elle une deuxième lecture plus concentrée et réfléchie mais elle ne remet pas pour autant en question le plaisir de cette lecture.

Je recommande chaudement à tout le monde la lecture de ce roman si particulier, si original et pourtant si proche de nous. On a bien du mal à quitter Onyesonwu, son pouvoir, sa force et ses amis. Un vrai coup de cœur !