J'avais eu le privilège de lire Janua Vera à l'état de manuscrit (et oui, y en a qui ont de la chance, je sais) et de faire donc partie des premières personnes à en savourer le verbe (c'est presque comme une chanson) et bien sûr les univers si bien contés.
J'avoue ne pas avoir encore exploré Gagner la guerre, et en finissant la lecture de ce roman, je m'aperçois de mon erreur.
Nous sommes en Gaule, chez les Bituriges. Bellovèse, fils de Sacrovèse, s'apprête à rejoindre l'Île des Vieilles, afin d'accomplir son destin. Car il n'est pas mort, alors qu'il aurait dû l'être, mortellement blessé lors d'un combat. Les druides lui demandent donc de se soumettre aux prophétesses de cette île, d'où nul n'est jamais revenu…
L'histoire ainsi présentée ne semble pas très folichonne. Bien qu'intrigué par cette histoire de vieilles enchanteresses, amazones, sorcières, qui ne semblent pas soumises aux mêmes lois que le reste du monde, on pourrait ne pas être attiré plus que cela. Et on passerait alors à côté d'un trésor.
Tout l'intérêt de ce roman, à mes yeux, réside dans la reconstitution d'une époque très souvent mal connue, du fait peut-être de la pauvreté des écrits du peuple gaulois lui-même, et du fait aussi je pense de la diversité et dissonance des tribus celtes. Quel bonheur de se glisser dans la peau de ce jeune biturige, de côtoyer les héros, bardes, reines et rois gaulois, d'explorer leurs coutumes et leurs croyances, le tout teinté d'une fantaisie si bien introduite et menée. Car l'on se sent plus proche d'une fiction historique que d'un récit de fantasy lorsque l'on démarre la lecture de ce roman. Des orphelins de père mis à l'écart par le méchant oncle usurpateur du trône, une mère revancharde rongée par la haine et pourtant mère aimante, des bardes aux mots de pouvoir et des héros guerriers prêts à en découdre, bouclier et lance aux poings. Mais là où cela devient encore plus intéressant, c'est lorsque l'auteur distille sa poudre de magie, par petites touches allant crescendo, des "vieilles" de l'île aux curieux habitants de la forêt, jusqu'au déroulement lui-même de l'histoire, contée par le personnage principal lui-même, et qui s'enroule et se déroule au gré du conteur, pour devenir lui-même un peu fantastique.
Le rythme n'est pas soutenu, ni trop lent non plus, il nous emmène et nous entraîne dans cette histoire ensorcelante sans nous perdre malgré le vent qui y souffle, les allées et venues dans le passé, et cette magie si réelle dans son irréel. Quant au verbe, il est égal aux autres récits de ce conteur, soutenu et digne d'un barde.
Et c'est là tout l'or de ce récit : illustré à merveilles ce que pouvait être un barde, ou tout du moins tel qu'il est présenté dans ce livre. Jean-Philippe Jaworski n'est pas un bon conteur, il détient le pouvoir des anciens celtes et nous offre la possibilité de s'en délecter à loisirs.
Seul bémol : la suite ne paraîtra qu'en février 2015 !
Je me laisserais bien tenter ^_^
RépondreSupprimerMais pas tout de suite, j'ai encore tellement de choses à lire !