mardi 5 mai 2015

Lecture : L'Architecte du sultan


Dans le cadre d'une Masse critique spéciale (réservée à une poignée de membres) j'ai reçu ce roman d'Elif Shafak. Un grand merci à Babelio et aux éditions Flammarion de m'avoir fait découvrir cette auteure et son univers.

L'histoire se passe à Istanbul au XVIe siècle. Jahan y arrive par bateau sur lequel il est devenu, par un concours de circonstances et surtout par intérêts du capitaine, un cornac, un éleveur d'éléphant. Chota est un éléphant particulier puisque blanc et Jahan sera introduit au palais du sultan. Là-bas, il y apprendra la vie et fera des rencontres qui modifieront sa vie, comme celle avec Sinan, architecte du sultan dont il deviendra l'apprenti.

Ce roman est celui d'une vie, celle de Jahan, sur fond historique. Une sorte d'uchronie bien menée puisque le lecteur ne peut lâcher ce petit cornac qui débute au bas de l'échelon et gravira les marches sociales vers les plus hautes sphères. Il y rencontrera l'amour, la trahison, l'amitié incongrue de gitans et surtout celle d'un animal plus humain que la plupart des hommes qu'il côtoiera.
J'ai beaucoup aimé suivre les pas de ce modeste personnage au milieu de "grands hommes". Même si le rythme n'est pas toujours soutenu, cela reflète d'autant mieux les aléas de la vie qui n'est pas toujours palpitante ou ponctuée d'événements inoubliables. La richesse de cette histoire tient aussi à sa capacité à conter une vie, en restant fidèle au réalisme et à sa logique : l'amour de Jahan est impossible et ce n'est pas la magie littéraire qui le transformera en possible. Au contraire. On a vraiment l'impression d'ancrer notre vision dans celle de cette époque et de ce lieu. Moi qui ne connaissais pas cette période et cette ville, j'ai pu me gorger de son atmosphère que je crois proche de sa réalité historique. Jahan est loin d'être un personnage lisse, tout comme la plupart de ceux qu'il croise. Peut-être que la figure de Sinan paraît trop idéalisée mais c'est le schéma littéraire cette fois-ci qui l'impose je pense : tout jeune homme en apprentissage a besoin d'un maître qui le guide, et ce maître est souvent idéalisé.
Que l'on prenne ce roman pour une uchronie ou pour seulement le conte d'une vie, on passera un bon moment. À la fois dépaysant et riche, ce roman nous prend par la main et nous conduit dans les rues d'Istanbul sans qu'on veuille ou puisse le lâcher. Une très belle découverte que je me félicite d'avoir connue et que je conseille !

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