Première lecture terminée de 2016 ! En passant, j'en profite pour souhaiter une bonne année. Dès que j'ai un moment, je ferai un petit bilan de l'année 2015 en lecture.
Mais là, il me faut parler du grand Wilkie Collins ! J'avais été enchantée par la lecture d'autres titres de cet auteur anglais contemporain de Dickens : Pierre de Lune, L'Hôtel hanté, Une belle canaille. Et l'on m'avait vanté ce roman que l'on disait bien supérieur à ces lectures déjà fort sympathiques. Alors, je me lance. Et là, la magie opère.
Walter Hartright est un jeune professeur de dessin qu'un ami va recommander pour enseigner cet art à deux demoiselles de bonne famille, dans un domaine de la campagne anglaise. La veille de son départ, alors qu'il rentre chez lui après une dernière soirée passée auprès de sa mère et de sa sœur, le jeune londonien sursaute à l'appel d'une jeune femme toute habillée de blanc qu'il croise sur la route. Cette étrange rencontre n'en sera que plus bouleversante lorsqu'il fera celle de l'une des deux demoiselles à qui il doit enseigner le dessin et qui se révèle le portrait craché de l'autre, pourtant sans lien de parenté évident.
Je n'en dirai pas plus, il faut absolument lire ce chef d'œuvre incontournable de la littérature anglaise. La traduction de libretto me semble tout à fait honnête, puisque je me suis complètement délectée de cette lecture : l'écriture est un total bonheur, les mots s'enchaînent avec aisance et même lyrisme, on se plairait presque à le lire à haute voix rien que pour le plaisir des mots et de la langue à la musique si juste ! Quant à l'histoire, la quatrième ne ment pas : c'est bien les prémices du thriller parfaitement bien mené. On apprécie le début de l'histoire et surtout la scène saisissante entre la dame en blanc et le héros : la tension est vraiment à son comble et l'on sursaute presque avec ce jeune professeur de dessin qui, en pleine nuit, sur une route déserte baignée de brouillard londonien à souhait, se voit interpeller par une dame toute de blanc vêtue et qui semble perdue. On est entre le spectre anglais et la légende bretonne, en plein atmosphère étrange et surnaturelle des spirits qui ont contrebalancé l'univers mécanique et matérialiste de l'industrialisation anglaise. On lit à toute vitesse en retenant son souffle et on espère bien sûr davantage de tension. Puis on passe à la douce romance, qui taquine le tragique, pour enfin retomber dans le pur thriller où la fragilité féminine doit faire face aux machinations vénales d'un homme sans vergogne. L'on traverse les méandres de cette histoire complexe, non pas par la voix impersonnel d'un narrateur omniscient, mais par les voix des différents acteurs selon leur implication au moment de l'action. C'est d'ailleurs là tout le génie de l'auteur qui apporte à l'histoire une dimension beaucoup plus personnelle et crédible en donnant à chaque situation toute sa densité possible et la tension portée par celui-là ou celle-là même qui l'a vécue. On frémit au rythme du battement de cœur de Marian, de Walter et même des autres personnages parfois plus secondaires qui sont confrontés à la même histoire mais apportent chacun leur tour le grain de sable qui renforce l'édifice. Le lecteur est totalement impliqué, et sa main tremble comme celle qui écrit ces lignes et lui confie ses peurs, ses angoisses, à la lumière d'une chandelle qui vacille, alors que la plume gratte fébrilement. On épie, on attend au détour de la ligne la révélation qui fera basculer le tout dans l'horreur ou l'indicible. Hitchock lui-même ne pourrait le nier : c'est un grand maître du thriller angoissant qui nous livre ici ce roman incroyable.
À lire tout de suite, sans tarder !!! (quoi, vous n'en êtes pas encore au chapitre 2 alors que vous finissez de lire ces lignes ?)
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