dimanche 28 février 2016

Lecture : Le Grand N'Importe Quoi


Heureuse sélectionnée à un Masse Critique spéciale, j'ai reçu ce petit bijou, dernier né de J.M. Erre aux éditions Buchet Chastel. Un grand merci à cette dernière et à Babelio pour ce moment si délicieux !

Dans un village français, Gourdiflot-le-bombé, de nombreux personnages vont se croiser pendant une nuit : le samedi 7 juin 2042, et plus précisément à 20h42, pendant une minute interminable, Arthur, habillé en Spider-man venu accompagné sa copine à une soirée déguisé chez des culturistes, Lucas, qui s'échappe de chez lui suite à un grave malentendu s'étant retrouvé avec Marilyn Monroe à moitié nue sur lui lors même que le compagnon de la blonde a pénétré dans l'appartement, Francis et J-Bob, le barman du Dernier bar avant la fin du monde et son éternel client, Alain Delon, sur le point de mettre fin à ses jours alors que des extra-terrestres sont venus le rencontrer, et l'auteur de l'Incroyable révélation, qui délivre dans son œuvre la vérité sur nos origines… Chacun y tient son rôle, et cette minute infinie devient un véritable cauchemar pour Arthur, réfugié monégasque depuis que le rocher est gouverné par les islamistes, car il va d'humiliation en humiliation. Arrivera-t-il à y mettre fin ?

J'avais déjà lu Le Mystère Sherlock que j'avais bien aimé, pour son humour et son pastiche.
Ce roman est, pour moi, bien au-dessus et monte d'un cran dans sa revisite d'un genre, ici la science-fiction, tout en la distillant de critique sociale, le tout bien arrosé d'humour délirant qui amène le lecteur sur le terrain de l'absurde, et même pire, sur celui du grotesque ! Je n'ai jamais réellement rigolé en lisant un livre. Il m'est arrivé de pouffer en souriant, mais pas d'éclats de rire bien francs agrémentés de larmes. Et bien c'est pourtant ce qu'il m'est arrivé dans mon train, sans crier gare, et avec un suprême bonheur. Alors, rien que pour ça, je remercie chaudement l'auteur. Car ce n'est pas donné à tout le monde. Je trouve bien plus facile de faire pleurer son lecteur que de le faire rire aux éclats jusqu'aux larmes. Et quoi de plus agréable que ce plaisir pur après une dure journée de labeur ? C'est de la parfaite détente, sans pour autant rester dans le pipi caca qui ne mène nulle part. Car le tour de force de l'auteur est d'apporter sa critique, de la télé-réalité, aux culturistes, en passant par les religieux et les sectes, les piliers de bar et les mordus de SF, l'humour vrille tout cela dans un grand n'importe quoi et à coup de paroles de chanson pour beauf en soirée. On se répète tout du long que c'est n'importe quoi, en ricanant, mais l'histoire ne perd jamais sa logique et son sens, même si le "bon" (sens) est un peu bousculé. C'est juste génial. Ce n'est pas de la grande littérature devant laquelle on se pâme mais c'est, pour moi, de la très bonne, de l'excellente lecture. Je n'ai pas peur de mettre ce roman sur le même rayon qu'un classique bien écrit car il me procure autant de plaisir à le lire. D'autant plus que le rire qu'il provoque est étroitement lié avec sa plume superbement maniée : c'est très bien tourné, écrit, et c'est d'ailleurs ce genre d'humour que je préfère. Ces phrases bien amenées qui s'enchaînent avec une aisance à vous rendre jaloux de ne pas avoir autant de talent ! C'est ça qui provoque le rire, et la montée crescendo dans l'absurde délirant et barré, toujours dans un verbe soutenu et si bien maîtrisé. Chapeau !
Et, encore une fois, il est toujours plus facile de passer pour un bon auteur quand on fait dans le drame, alors qu'on est rarement salué comme grand quand on fait rire. C'est bien dommage, car c'est tout autant le pur génie qui est en jeu et, en plus, pour la bonne cause : faire réfléchir en riant à gorge déployé.
Vive Le Grand N'Importe Quoi ! Un nouveau coup de cœur pour moi cette année !!!! (j'espère juste que l'année va tenir ses promesses et que je ne suis pas en train de griller tous mes coups de cœur littéraires dans les deux premiers mois !!!)

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