jeudi 15 août 2013

Lecture : Le Loup des mers


Petite pause entre deux parties du Seigneur des Anneaux. S'offraient à moi des dizaines (et c'est peu dire) de choix, car la liste de livres à lire est longue ! Cependant, je voulais trancher avec ma précédente lecture, et ce roman, prêté par Ys, devenait un choix évident. De plus, l'édition dans laquelle il est publié, est un magnifique relié à fine dorure sur cuir vert, avec tranchefiles et signets jaune du plus bel effet, accroissant mon désir de m'y plonger tout à fait. Et puis j'aime bien lire des livres qui parlent de la mer en vacances, surtout lorsque je n'ai pas pu m'y rendre physiquement…
Tout ceci pour vous dépeindre un peu les merveilleuses conditions dans lesquelles j'étais pour débuter cette lecture. Jack London n'a eu qu'à jouer de son talent pour me convaincre tout à fait.

L'histoire est celle d'un gentleman, naufragé d'un bateau qui l'emmenait à San Francisco, et sauvé des eaux assassines par une goélette de chasseurs de phoques. Le malheur n'est pas toujours celui qu'on croit : le capitaine de ladite goélette est un véritable tyran, un diable qui fait régner la terreur sur son embarcation. Bien plus que cela, il en définit les règles de vie, de mort, le bien, le mal, la morale ou son absence, toute la philosophie est revue et corrigée et celui qui ne lui obéit pas connaît son courroux. Il est maître à bord, voire la seule religion possible à laquelle adhérer si on veut rester en vie. Pour un gentleman comme Humphrey Van Weyden, célèbre critique littéraire, c'est une petite mort qui s'annonce là : celle de sa vie passée de rentier, si facile et si immatérielle, pour revêtir peu à peu la peau d'un survivant. Survivant qui va se frotter à une autre dimension de la vie : matérielle, tranchante, rude, cruelle, physique. Celle que nos grands-parents appellent LA vie, quoi.

Ce roman peut paraître difficile, et annoncer des moments pénibles, mais l'écriture de London est tout simplement superbe. Dès les premiers mots et les premières lignes, il vous happe, il vous enrôle, vous ne pouvez plus le quitter. Vous voulez savoir ce qui va arriver à ce gentleman qui plonge dans cet autre monde de misère des marins, et vous voulez connaître ce monstre divin qu'est Loup Larsen. Vous voulez savoir jusqu'où l'auteur ira pour vous décrire l'horreur sur ce bateau, la rudesse de la mer. Et vous sentez les vagues qui vous submergent, comme elles submergent les occupants de la goélette, le sel qui vous pique la peau et le soleil qui vous brûle, les mains gonflées et meurtries qui tirent sur les cordes, les coups que chacun reçoit lors des luttes, le désespoir et l'espoir, la vie qui vibre si différemment dans les veines du héros. Vous y êtes, sur le Fantôme, et vous remerciez encore Mr London pour ce beau voyage. Car il vous a fait vivre, complètement, l'histoire, comme peu d'auteurs savent le faire. Cela passe par l'écriture, par les mots, par l'enchaînement de tout cela, tout en restant si facile et si limpide. C'est presque de la magie et on en redemande.
Alors, tous ceux qui ont des lectures "faciles" mais un peu pauvres, confrontez-vous, juste une fois, à cette belle écriture, et pourquoi pas à celle de Mr London, découvrez ce que c'est qu'oublier le papier et l'encre pour être tout à fait dans un univers et entendre presque la musique des vagues.

Merci à Ys pour cette belle découverte.

2 commentaires:

  1. Monstre divin : c'est tellement ça ! Tu te doutes que j'adore ce personnage, n'est-ce pas ?!
    Je suis ravie que tu aies aimé ^^

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    1. Oui je m'en doutais en le lisant, je pensais à toi ^_^
      Une bien belle découverte que tu m'as faite faire en tout cas, merci !

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