lundi 2 septembre 2013

Lecture : La Lune seule le sait


Dans le cadre de la 5e session du Club Sormand, ce roman steampunk de Johan Heliot a été sélectionné.
J'avoue y être un peu pour quelque chose, car il faisait parti des livres que j'ai proposés au vote. Cela faisait pas mal de temps (comptez en années !) qu'il prenait la poussière dans ma bibliothèque et j'ai été bien contente que le vote le rende gagnant de cette session. En plus, pour ne rien gâcher, j'ai la chance de posséder un exemplaire dédicacé par l'auteur (je ne sais pas pourquoi mais j'adore ça !).

Nous sommes à l'aube du XXe siècle, les prussiens ont été battus, Louis Napoléon Bonaparte est empereur des français, et Paris a reçu la visite d'extra-terrestres appelés les Ishkiss. Ces derniers, venus de la Lune, ont conclu une alliance avec l'empereur afin de préserver leur vie l'un l'autre : les uns avaient besoin de notre connaissance de la métallurgie pour les sauver du déclin de leur espèce, l'autre avait besoin de leur science pour ne pas mourir et assurer sa domination et sa tyrannie. Mais la défaite des communards n'a pas réduit à néant le mouvement socialiste et des résistants luttent pour soulever l'Empire : c'est ainsi qu'un de leur plus célèbre membre est dépêché sur la Lune, afin d'y retrouver une autre sommité, la pétroleuse Louise Michel. Car les opposants au régime connaissent désormais pire que le bagne, la déportation sur la Lune, un aller simple vers l'Enfer. Pour anéantir pareille horreur, qui de mieux pour convaincre les nouveaux alliés de l'empereur que celui à l'origine des rêves technologiques les plus fous, Jules Verne lui-même ?

Il s'agit d'un roman de science-fiction, et plus précisément steampunk, et plus précisément encore français. J'insiste sur sa "nationalité" car, comme le précise l'auteur dans la postface qu'il a rédigé au terme de ce livre, cette catégorie donne plus souvent lieu à des récits mettant en scène Londres, Jack l'Eventreur, bref, un univers plutôt britannique, très probablement dû à l'origine même de son nom, "steam" signifiant "vapeur" en anglais. Certes, nous avons aussi nos récits mais la tendance est souvent à l'association de la révolution industrielle qui a définitivement imposée le Royaume-Uni sur l'Europe, avec les grandes figures historiques anglo-saxones de l'époque. C'est donc avec enthousiasme et curiosité que l'on débute la lecture de cette aventure où Jules Verne et Napoléon sont les principaux acteurs.
La première moitié du roman sert à mettre en place les différents éléments de l'histoire : le décor, les personnages principaux, qui est qui et qui fait quoi. On est plongé dans une Europe historique que je trouve assez crédible - mais je tiens à préciser que je suis une quiche en histoire - avec Jules Verne en héros. On aime ou on n'aime pas l'auteur, mais c'est toujours jouissif de voir évoluer celui que l'on tient pour précurseur du genre ! Un peu comme lorsqu'on lit une histoire avec Conan Doyle ou H.G. Wells.
Et là aussi, on se prend au jeu facilement.
Au moment même où l'on pourrait sentir une certaine torpeur s'installer, où le lecteur se demande "bon, ça commence quand vraiment l'action là ?" et bien justement la seconde moitié du roman démarre et ne nous lâche plus. Sans être une action ultra haletante, on a quand même envie de connaître la suite, puis la fin et le dénouement à tout cela.
Quant à la partie extra-terrestre, j'avoue toujours appréhender la manière dont l'auteur va introduire les petits hommes verts, redoutant le ridicule non voulu, ou bien l'illogisme, bref, ce qui perd totalement l'adhésion du lecteur. Rien de cela dans ce récit - de mon avis personnel bien sûr. Je trouve que les Ishkiss sont assez bien introduits. Associés au satellite de notre chère planète, ils sont la touche poétique de ce récit steampunk, associant une complète utopie par leur fonctionnement, autant social que physique. Ils sont décrits comme doués d'une grâce, tant visible lorsqu'ils se déplacent, qu'invisible dans leur façon de communiquer ou même leur système social qui leur vaut leur survie jusqu'à présent. Ils sont véritablement l'incarnation utopique des idéaux de ceux qui luttent contre l'Empire. Cette partie pourra d'ailleurs sembler un peu trop facile, ou même peu crédible à d'autres lecteurs. Mais comme je suis bon public, j'y ai adhéré comme une part indissociable dans la logique du récit.

Pour essayer de résumer mon ressenti, je dirais que j'ai beaucoup apprécié ce roman steampunk, très bien mené, original avec des personnages historiques hauts en couleurs. Peut-être y a-t-il par moment quelques longueurs, ou le récit n'est-il pas aussi haletant qu'il pourrait l'être. C'est ce qui l'empêche d'être un véritable coup de cœur, mais il a le mérite de m'avoir détourné de ma broderie et de m'avoir fait passer un très bon moment ! Faudrait pas non plus demander la Lune, non ? (il fallait que je termine sur cette blague pourrie, c'était obligé !)

3 commentaires:

  1. Cela me donne très envie de m'y mettre à mon tour !
    Tu vas craquer et attaquer la suite, alors?

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    1. J'enchaîne avec le Panopticon, l'"Événement" sur CaroLire, et après très probablement avec La Chute du British Museum qui est à ma bibliothèque. ^_^

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  2. Moi ça me dit toujours rien qui vaille, mais je ne désespère pas d'être agréablement surprise !
    Bon Panopticon, j'espère que tu passeras un aussi bon moment que moi ^_^

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