mercredi 10 octobre 2012

Lecture : Des bibliothèques pleines de fantômes


"Les trois espèces d'ennemis qu'ont les livres sont les rats, les vers, la poussière, et une quatrième, celle des emprunteurs."
Jacques Bonnet, éditeur et traducteur, est avant tout un bibliomane, un amateur de livre, un collectionneur de cet objet fait de papier et d'encre et qui peut devenir la seule raison de vivre d'un homme.
Il partage avec le lecteur tous les menus soucis qu'une telle passion peut engendrer, allant d'une réflexion poussée sur le classement idéal, finalement impossible, jusqu'aux situations périlleuses dans lesquelles les livres peuvent conduire leur lecteur, en passant par les rencontres incroyables qu'une telle passion peut occasionner. Il classe le bibliomane en catégories, ceux qui recherchent essentiellement la possession des livres, et ceux qui sont touchés par une boulimie de lecture. Les uns dépensant sans compter pour posséder une collection entière, peu importe le contenu pourvu qu'ils les possèdent tous, les autres pris dans l'engrenage des lectures en appelant d'autres, puis d'autres, taraudés par le besoin de connaître, et cette curiosité qui peut être si maladive chez l'homme.
Ce livre, qui peut être assimilé à une sorte d'essai, est plutôt une conversation sur le ton de la confidence, une complicité qui se noue dès les premières lignes, lorsque l'auteur évoque son penchant pour la possession des livres, ses problèmes de classement et de bibliothèques, ces fantômes qui nous habitent dès l'instant où l'on a posé le pied dans cette multiplicité de monde que nous offre la lecture. À la lecture de ce court "traité", on se sent compris, on a l'impression d'appartenir à une grande communauté, et de quitter un peu la solitude dans laquelle nous plonge habituellement notre passion. On compatit aux malheurs que certains rencontrent, et que nous avons peut-être connus, on se retrouve dans les réflexions de l'auteur à propos de rangement, on sourit en pensant qu'on est finalement pas si bizarre que ça, et que d'autres ont des soucis bien plus importants que nous à cause de cette "manie".

Finalement, même si ce livre peut sembler futile et d'un certain côté démagogue, s'adressant à des passionnés pour leur faire l'éloge de leur passion, on aime bien ce petit livre, qui condense en quelques lignes les principaux traits de notre passe-temps envahissant, et constitue un très bel éloge de cet objet magique qu'est le livre.
Je le conseillerai donc aux bibliomanes qui s'y retrouveront, aux lecteurs lambdas qui pourront aussi reconnaître certains de leurs penchants, et aux lecteurs de liseuses, pour leur faire entr'apercevoir tous les bons côtés du livre papier qu'ils ne peuvent pas connaître ni apprécier.

Enfin je terminerai sur cette phrase de Charles Nodier que ce livre m'a fait découvrir et qui est devenu une sorte de slogan pour notre blog CaroLire :
"Après le plaisir de posséder des livres, il n'y en a guère de plus doux que d'en parler".

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